Rites d’initiation en Casamance: sous des airs de Jambadong
La circoncision est une étape cruciale dans la vie de tout homme africain. Autrefois, elle était régie par des cérémonies coutumières très strictes propres à chaque ethnie. De nos jours, nombreux sont ceux qui passent les rites traditionnels d’initiation. Heureusement certains peuples africains ont conservé ces coutumes ancestrales. Nous vous emmenons aujourd’hui du côté de la Casamance au nord du Sénégal pour vivre le temps de cet article la cérémonie de circoncision au rythme endiablé de la « danse des feuilles » le Jambadong et sous la protection mythique du Kankourang.
Une formation à la vie d’homme
Autrefois les jeunes garçons étaient emmenés dans le « bois sacré » pour y subir la circoncision suivie des rites d’initiation. La règle veut qu’on entre dans le « bois sacré » comme un jeune garçon et qu’on en ressorte comme un homme. De nos jours le processus de circoncision (ablation du prépuce) se déroule généralement dans un hôpital. A la suite de quoi les jeunes circoncis sont emmenés dans les bois sous la tutelle des « ainés ». Les ainés sont sages qui enseignent aux jeunes initiés les valeurs essentielles dans la vie d’un homme : le courage, la bravoure, les difficultés de la vie, comment garder un secret peu importe le prix… Pendant ce séjour d’apprentissage, les jeunes habitent dans ce que l’on appelle en langage diola un « diodiouwo ». Il s’agit d’une habitation extrêmement rustique mais les jeunes initiés ont moins à craindre des animaux de la forêt que de ses esprits. En effet, ces derniers sont tres friands de sang de jeunes initiés vulnérables. Heureusement pour eux ils peuvent compter sur l’expérience des sages encadreurs et du mythique Kankourang.
Protection du Kankourang
D’une façon générale, la protection du « diodiouwo » est confiée à un sage spécialisé dans le combat contre les forces du mal. Il est assisté pour ce faire du Kankourang. Plus qu’un humain, le Kankourang est un esprit. Il apparait toujours masqué et a la réputation d’être craint des esprits des ténèbres. Il est interdit aux femmes de le regarder aux cours de ses apparitions sous peine de représailles. Le Kankourang habite le bois sacré et n’en sort que pour protéger les initiés. Suivant ses recommandations les sages choisissent le jour de la cérémonie de sortie véritable moment de délivrance pour les mères et les sœurs qui attendent avec angoisse la fin du rite d’initiation.
La sortie des initiés au rythme du Jambadong
La sortie du « bois sacré » est une cérémonie tres particulière appelée « Faniké ». C’est l’occasion pour les femmes de retrouver leurs fils et leurs frères. En effet personne ne sait vraiment ce qui se passe dans le « bois sacré ». Aucune information n’est relayée même lorsqu’un enfant est attaqué par « les mangeurs d’âmes ». Aussi c’est un réel soulagement pour les familles de retrouver leurs jeunes hommes. Avant de rejoindre les leurs, les initiés exécutent le fameux Jambadong, une danse des feuilles tres particulière que l’on retrouve chez les casamançais, une partie de la Gambie et en Guinée Bissau. C’est un moment de liesse généralisée. Si vous avez l’occasion de séjourner au Sénégal ne manquez pas le carnaval annuel de Jambadong qui se déroule généralement pendant les vacances d’été. C’est une cérémonie au charme très particulier.
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